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de complices intéressés. Cependant il faut bien reconnaître que le christianisme des bourgeois n’est pas simulation pure : lorsqu’une classe est pénétrée du sentiment de sa disparition inévitable et prochaine, lorsqu’elle sent déjà les affres de la mort, elle se rejette brusquement vers une divinité salvatrice, vers un fétiche, un vocable, un mot béni, vers le premier sorcier venu, prêchant le salut et la rédemption. Ainsi les Romains se christianisèrent, ainsi les Voltairiens se catholicisent.

En effet, ceux qui veulent à tout prix maintenir la société privilégiée doivent se rattacher au dogme qui en est la clef de voûte : si les contremaîtres et les gardes champêtres ou forestiers, les soldats et les gens de police, les fonctionnaires et les souverains n’inspirent pas au popu-