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langues et religions

nations hindoues elles-mêmes, la Compagnie des Indes ait toléré si longtemps le suicide des femmes dans les sérails princiers. Il est vrai que, d’après les traités, les conquérants européens s’étaient engagés à ne pas léser les mœurs, coutumes et préceptes religieux des indigènes ; mais que de fois les traités n’avaient-ils pas
langues de l’inde
Langues aryennes. 1, Hindi. 2, Bengali. 3, Mahrati. 4, Pendjabi, 5, Rajastani. 6, Gudjerati. 7, Uriya. 8, Sindhi. 9, autres langues aryennes.
Langues dravidiennes. 10, Telugu. 11, Tamil. 12, Kanarais. 13, Malayalam. 14, autres langues dravidiennes.
Langues indo-chinoises. 15, Barman. 16, Tibétain, etc. Langues diverses, 17, dont l’anglais (250 000 personnes) forme environ le sixième.
été violés, lorsqu’il s’agissait d’accroître le rendement des impôts ! D’ailleurs, en ce cas particulier, il n’était pas vrai que le sacrifice des veuves fût ordonné par les textes sacrés, et les savants indianistes, Wilson le premier[1], démontrèrent facilement, par les citations du Rig-Yeda, que les femmes ne devaient point accompagner le mort dans l’au delà. Il fut prouvé d’une manière péremptoire que Colebrooke avait été induit en erreur, peut-être sciemment, par des brahmanes, lorsqu’il avait admis l’authenticité des passages interpolés dans les textes primitifs, et conclu par conséquent au devoir pour les veuves hindoues de se livrer au feu à côté du cadavre de leur époux[2]. Le vrai texte affirmant le contraire : « Lève-toi, femme, reviens au monde de la vie ! » fut restitué dans l’édition authentique, et pourtant la pratique du sacrifice des veuves resta permise encore pendant de longues années.

  1. La prétendue autorité védique que l’on invoque pour justifier le suicide des veuves.
  2. Essay on the duties of a faithful hindu widow. Asiatic Researches, vol. iv, pp. 209, 219. Calcutta.