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smila la dominatrice

feudataires, que gouvernent en réalité les résidants britanniques. Ceux-ci ont le pouvoir, tandis que rajah et maharajah locaux gardent la responsabilité.

Cl. J. Kuhn, Paris.

le fort d’agra datant de la seconde moitié du xvie siècle.

On s’étonne que les Anglais, ces commerçants empressés à s’ouvrir des marchés nouveaux, aient respecté pendant si longtemps les remparts de sommets neigeux qui dominent au nord leurs possessions de l’Inde, et qu’ils n’aient pas acquis plus tôt des droits commerciaux sur les populations pacifiques du Tibet. Les raisons de cette longue abstention sont multiples. D’abord l’œuvre d’absorption des peuplades de la frontière est à peine achevée, notamment dans le Népal, pépinière de soldats mercenaires. En outre, la moindre incursion armée vers le haut pays représente un effort considérable à cause des longues distances, des pénibles escalades, des obstacles naturels que présentent le sol, le climat, la différence des races. Les Anglais pouvaient se dire aussi que les habitudes séculaires du trafic habituel sont d’autant plus difficiles à changer que les populations locales, asservies par un gouvernement de prêtres, manquent d’initiative. Un système d’espionnage fort compliqué, auquel s’emploient des gens de toute races et religions, constitua presqu’exclusive-