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l’art est la vie

se fasse parfaite en beauté, qu’elle prenne un caractère de durée et d’universalité par l’admiration de tous. Même le paysan silencieux aime qu’on vienne de loin contempler le sillon droit et d’une profondeur égale que, d’une main solide, il a fait tracer à ses bœufs ; le muletier met sa gloire à bien mesurer l’équilibre de la charge sur l’animal, à le fleurir de belles floches et de pompons éclatants ; tout ouvrier cherche à se donner un outil non seulement parfait pour le travail, mais, en même temps, agréable à regarder ; il en choisit lui-même le bois ou le métal ; il l’emmanche et l’ajuste, le décore d’ornements et de dessins : tel peuple dont le nom s’est perdu, qui vécut à une époque tellement lointaine que l’on peut se tromper de quelques milliers d’années sur la période de son existence, ce peuple ne vit pour nous que par les ornements que tracèrent ses artistes sur l’os ou sur la pierre.

Cl. J. Kuhn, Paris.

marat, par jean baffier

Bien plus, ceux des travailleurs dont l’œuvre disparaît aussitôt après