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l’art et l’église

simplement sur quelque monument des siècles passés. La force vive de l’art se meut en entier dans la société civile, mais il manque encore à celle-ci le sentiment d’ensemble qui proviendra du mouvement conscient d’un progrès collectif.

Parmi les domaines de l’activité humaine qui se sont complètement détachés de l’hégémonie religieuse, on peut citer en premier lieu les règles de l’hygiène
Cl. du Globus.
ancienne peinture abyssine
Le Martyre de saint Sébastien.
Il est visible que l’influence byzantine a fortement imprégné l’art d’Abyssinie.
publique. On a prétendu, certainement bien à tort, que les « lois de Moïse » relatives aux soins du corps, à l’alimentation, à l’entretien de la demeure et du campement étaient des règles de nature hygiénique. Evidemment elles se rattachaient à la magie et se classaient d’après les bonnes ou mauvaises influences présumées que déterminaient les formes des objets, les mœurs des animaux, ainsi que les traditions des aïeux. Quoi qu’il en soit, ces règles, qui se sont perpétuées jusqu’à nos jours chez bouddhistes et catholiques, chez israélites et mahométans, n’ont plus guère force de loi en dehors des familles. Ceux qui étudient les principes de la santé personnelle et de l’hygiène publique ne s’arrêtent plus à ces prescriptions de jeûnes, de macérations, d’abstinence, C’est par des pratiques toutes différentes qu’ils établissent leur système de salubrité ; ils cherchent à placer l’homme dans les conditions les plus normales pour son développement et son bien être, autant du moins que l’inégalité éco-