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transformation du bouddhisme

du dogme qui les différencie et qui les rend mutuellement intolérantes. C’est qu’une nouvelle force est entrée dans le monde, d’abord en pénétrant l’esprit de quelques mathématiciens, naturalistes et philosophes puis en obligeant leurs élèves à la réflexion et en s’emparant peu à peu d’une part considérable de la société. Cette force est celle que donne la connaissance du nombre et de la
Document communiqué par Mme  Massieu.
bonze annamite
mesure, apportant avec elle plus de précision dans la pensée, plus de méthode dans les raisonnements, plus de pondération dans les conseils, et, par suite, un plus grand équilibre moral. La place que la religion, c’est-à-dire la crainte, l’illusion, le vague idéal, occupait dans « l’âme » est prise en proportion croissante par la sérénité de la raison, par la libre pensée ». Sans doute, ce travail d’élimination et de substitution ne se fait que très graduellement, l’évolution historique échappe à la perception des gens a courte vue qui ne savent pas comparer les choses des siècles antérieurs, mais les transformations n’en ont pas moins eu lieu et ne continueront pas moins de se produire. Les haines religieuses, nourries avec tant de ferveur par les générations successives pendant la longue durée des âges, persistent en bien des âmes et ne demanderaient pas mieux que de se manifester encore et de se traduire en persécutions, en écorchements et en combustion de victimes à petit feu, mais les fils des anciens perse-