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écossais, irlandais

de race aient été réellement si nombreux qu’il serait maintenant impossible d’établir les origines familiales, tant de colons anglais s’étant domiciliés en Irlande et tant d’immigrants irlandais ayant cherché fortune en Angleterre. Mais, quels que soient les mélanges au point de vue du sang, le climat, le sol et tout le milieu de la « verte Erin » agissent sur les insulaires avec tant d’énergie que l’Irlandais natif, même d’origine anglo-saxonne et d’ailleurs purement anglais par la langue, la culture, les relations avec le reste du monde, n’en devient pas moins un ennemi naturel des Anglais et revendique l’indépendance politique de l’Irlande, ravie à ses compatriotes d’élection par ses propres ancêtres.

un bataillon de highlanders sur l’esplanade du chateau d’edimbourg.


De leur côté, les Anglais se laissent facilement aller à éprouver une haine instinctive, un dédain spontané du Paddy, plus pauvre qu’eux, qu’ils rencontrent dans les quartiers les plus humbles de leurs villes : pour réagir contre cette antipathie naturelle, l’homme intelligent a besoin de faire effort de volonté. On comprend facilement qu’il en soit ainsi, puisque les Anglais, en tant que nation, ont des torts héréditaires envers l’Irlande, qualifiée presqu’ironiquement d’« Ile-sœur » ; or l’offenseur déteste toujours l’offensé. Et pourtant, que l’An-