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l’homme et la terre. — l’industrie et le commerce

voir des ennemis dans le personnel des ouvriers et des employés, les seigneurs de l’industrie en arrivent à se faire le plus grand tort, à perdre même cet argent qu’ils sont si âpres à gagner.

Cl. de la Société Denain et Anzin.

un haut fourneau à l’usine de denain


D’abord, la haine qu’ils redoutent ne manque pas de les poursuivre et donne quelquefois lieu à de terribles drames ; mais, dut-on se prosterner toujours humblement devant eux, une chose du moins est certaine, c’est que les ouvriers n’apportent pas à leur œuvre la passion de bien faire ; elle leur paraîtra toujours assez bonne, pourvu qu’ils ne soient pas renvoyés, qu’ils n’aient pas à payer d’amende ou à subir de reproches ; ils n’auront aucun zèle pour le perfectionnement ou la beauté du produit auquel ils mettent la main ; souvent même ils travaillent systématiquement à faire de mauvaise besogne, à sacrifier l’excellence à l’apparence : leur mauvaise volonté rend tout progrès impossible. Ils vont jusqu’à punir par quelque procédure secrète ceux de leurs camarades qui ont la naïveté de travailler trop vite ou trop bien. C’est là ce que l’on appelle le « sabotage », qui tend à devenir une véritable institution, presqu’un