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espèces humanisées

travail. Dirigé par cette morale purement personnelle, l’éducateur de la bête apprivoisée, puis domestiquée, l’a très souvent amoindrie de toute façon, affaiblie, enlaidie, avilie physiquement, rendue même tout à fait impropre à se maintenir par ses forces physiques isolées dans sa lutte pour l’existence ; il l’entretient dans une vie dont toutes les conditions sont artificielles : qu’il suffise de rappeler le hideux spectacle de ces masses de chair, à peine capables de se mouvoir, porcs primés dans les concours agricoles.

Cl. Vanderheuvel.

un attelage de chien à bruxelles

L’action de l’homme sur l’animal pourrait être beaucoup plus profonde si elle se produisait, non pour rendre l’animal plus utile à l’homme, mais pour rendre l’animal plus utile à lui-même, en le faisant plus beau, plus fort, plus intelligent. Sans le secours de l’homme le cochon, le mouton, les volailles de basse-cour auraient bientôt disparu du monde moderne ; les bœufs se trouveraient en danger d’extinction rapide ; les chiens et les chats ne reviendraient à la vie des aïeux qu’après avoir perdu par la famine plus de la moitié de leur race[1] ; il en serait probablement de même du cheval. Mais si la plupart des animaux ont été rendus moins aptes au combat pour la vie matérielle, si

  1. W. J. Mac Gee, The Earth, the Home of Man, p. 22.