fonctionnaires dépasse de beaucoup celui des soldats. Même, pris dans leur ensemble, ils sont des soutiens beaucoup plus énergiques du gouvernement qui les paie ; tandis que le militaire obéit aux ordres reçus parce qu’il a peur, le fonctionnaire ajoute au mobile de l’obéissance forcée celui de la conviction : faisant lui-même partie du gouvernement, il en concentre l’esprit dans toute sa façon de penser et dans son ambition. A lui tout seul, il représente l’Etat. En outre, l’immense armée des fonctionnaires en place a pour réserve l’armée, plus grande encore, de tous les candidats aux fonctions, de tous les solliciteurs et quémandeurs, parents, cousins et amis. De même que les riches s’appuient sur la masse profonde des pauvres et des faméliques semblables à eux par les appétits et l’amour du lucre, de même les foules que les employés de toute espèce oppriment, vexent et malmènent, soutiennent indirectement l’Etat, puisqu’elles se composent d’individus s’occupant chacun à briguer des emplois.
Cl.de l’Assiette au Beurre.
Naturellement, cette expansion indéfinie du pouvoir, cette répartition par le menu des places, des honneurs et des minces traitements, jusqu’à des salaires ridicules, jusqu’à la simple perspective d’émoluments futurs, a deux conséquences d’effet contradictoire. D’une part l’am-