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œuvre des rois

ment changer avec le temps, non seulement parce que la nation à laquelle ils s’appliquent évolue plus ou moins rapidement, mais aussi parce que ces conventions, promulguées avec tant de solennité, ne sont point des œuvres originales, provenant de la volonté précise du peuple : ce sont pour la plupart des copies, plus ou moins habiles, d’autres documents du même genre, et, comme les
francisco pi y margall
1824-1901
Président de la République espagnole en 1873.
lois, elles représentent toujours les intérêts exclusifs de la classe dirigeante. Nul ne fit mieux la critique des constitutions écrites que le représentant des Tcheroki, parlant dans une assemblée générale des tribus du territoire indien, réunie en 1872 pour la discussion d’une charte générale : « Nous devons, dit-il, nous occuper de graver les institutions dans le cœur de nos concitoyens, seulement ainsi seront elles durables. Les écrire sur le papier, autant les graver sur l’écorce de l’arbre. Le chêne de la forêt croît tous les ans, changeant d’écorce chaque fois : il en est de même pour la nation indienne. Deux choses ne passent point : la volonté de l’homme et le cœur du chêne. C’est à la volonté qu’il faut nous tenir, si nous voulons vivre et durer »[1].

Le nom de République appliqué à certains États, par opposition à celui de Monarchie, a été donné dans le cours des temps à des organisations bien diverses, mais qui, les unes et les autres, tentaient

  1. Le Temps, 30 août 1872. — A. Letourneau, Evolution de la Morale, p. 122.