Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome VI, Librairie universelle, 1905.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
84
l’homme et la terre. — le nouveau monde et l’océanie

zones littorales de l’Atlantique et du Pacifique pour la facilité des relations avec le monde extérieur, mais l’intensité de la force vitale continue certainement d’appartenir aux côtes qui font face à l’Europe, la mère-patrie des colons, la source de leur vie civilisée. D’une façon générale, on peut dire que la distribution des hommes est proportionnelle aux conditions du sol et du climat, qui, dans ces régions, peuvent être classées en un certain ordre : plaine, montagne ou plateau, abondance de pluies ou sécheresse, richesse ou pauvreté du sol en produits agricoles ou miniers, voisinage ou éloignement des marchés ou ports d’expédition ; mais, en dépit de l’extrême mobilité que le réseau des communications faciles donne aux habitants, l’importance primitivement acquise par les colonies du littoral atlantique pendant trois cents années de peuplement leur a donné une avance énorme sur les pays de l’intérieur et sur le versant du Pacifique. Et l’on peut dire que cet avantage primitif de la colonisation se poursuit de jour en jour sur ces rivages, puisque les navires apportent sans cesse de nouveaux immigrants, dont une part considérable — un tiers en moyenne — reste dans les États avoisinant le lieu de débarquement. De ce côté, l’Océan, quoique fort large, de 4 000 à 5 000 kilomètres, n’a pas cependant les immensités du Pacifique et la traversée en est relativement facile. C’est par la face atlantique des États-Unis que le Nouveau Monde s’affronte avec l’Ancien.

Boston, la cité principale des États du nord-est, connus sous le nom de Nouvelle Angleterre, est un de ces lieux d’immigration que l’on peut qualifier de très anciens, puisque les « pèlerins » anglais s’établirent dès 1630 dans l’île qui forme le noyau primitif de l’agglomération ; peut-être même que les Normands ont laissé quelques vestiges de leur passage sur les bords de l’une des rivières qui se déversent dans la baie[1].

Pourvue d’un excellent port ramifié en bassins naturels, Boston a pu facilement se rattacher par des campagnes d’un faible relief avec le revers méridional de la côte et les ports qui font face à Long-Island ; elle est également devenue l’une des issues maritimes des vallées d’origine glaciale qui se succèdent de l’est à l’ouest jusqu’au Hudson, et se trouve aussi sur le prolongement naturel de la vallée du Mohawk qui mène directement à la région des Grands Lacs, tandis

  1. Voir vol. III, pp. 515 à 517.