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guerres d’espagne et de russie

Naturellement hostile à toute idée d’indépendance nationale, Napoléon n’avait pas même eu la précaution d’émanciper la Pologne en passant, et de se créer ainsi un précieux quoique bien tardif allié. Epuisé d’hommes par la bataille de Borodino, il entra pourtant à Moscou, d’où l’incendie le chassa. Et, tandis qu’il s’enfuit rapidement en berline de voyage, l’armée bat en retraite à travers les neiges, les marécages, les forêts, les fleuves débordés, les glaces en dérive.

Cl. Kuhn, édit.

saragosse, la cathédrale au bord de l’èbre.


Les Cosaques, les loups poursuivent, harcèlent la multitude en déroute : ce n’est plus qu’une traînée de bandes laissant derrière elle des cadavres, des armes, des blessés et des prisonniers. Des 740 000 hommes que Bonaparte avait amenés en Russie, 14 000 seulement retraversèrent la frontière ! Il y eut pourtant une conséquence du terrible drame militaire que l’on peut qualifier d’heureuse : il mit en contact avec les Slaves et les Allophyles de la Russie d’Europe et d’Asie des milliers de jeunes Occidentaux