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grandeur de la perse

s’élevaient au milieu des jardins de roses, toutes ne sont pas démolies et les rosiers fleurissent. La langue, si riche et si belle, est restée l’une des plus appréciées et des plus influentes de l’Asie ; elle se répand, modifie les parlers voisins, agit sur la littérature contemporaine ; en chaque siècle, depuis Firdousi, des poètes ont fait revivre le passé dans la splendeur de leurs vers et des hommes éminents ont témoigné de la persistance du génie iranien ; de nos jours même, les Bâbi, ces héros qui voulaient ouvrir la « porte » d’un nouveau monde de justice et de bonté, nous ont montré une vertu de dévouement et une grandeur d’âme qui n’ont jamais été dépassées. Ces hautes manifestations de la vie morale témoignent que le flux intérieur n’a point tari : il ressemble à ces kanat ou canaux d’irrigation dont on ne voit point briller les eaux et dont on n’entend point le murmure, mais qui n’en fertilisent pas moins le sol et font s’épanouir les fleurs. Tout nous clame que si la force de l’Iran est assoupie, elle n’est point détruite et qu’un flot pur continue de couler mystérieusement sous le rocher brûlé.

Cl. du Geogr. Journal.

colonne dans le désert au sud-est de kirman
D’après une photographie de P. Molesworlh-Sykes.

Ce pilier, de 16 m. de haut, destiné à jalonner la route, date de l’époque Seldjoucide.

Les Persans proprement dits ont le très grand mérite d’aimer la paix, d’éviter avec soin toute occasion de dispute. Les armées du chah se composent presqu’uniquement de Turcs, hommes qui ajoutent aux