Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome V, Librairie universelle, 1905.djvu/490

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
484
l’homme et la terre. — russes et asiatiques

mais du côté de l’est, dans le continent d’Asie, l’agrandissement du territoire s’est poursuivi d’une manière presque continue : il semblait que rien ne dût arrêter ce mouvement, irrésistible comme celui de la marée qui fait refluer l’Occident sur l’Orient, agissant en sens inverse du mouvement historique des peuples méditerranéens, que des théoriciens ont voulu ériger en loi[1].
composition ethnographique de « toutes les russies »
Aryens : 1, Russes ; 2, Polonais ; 3, Lithuaniens ; 4, Roumains et Latins ; 5, Germains ; 6, Arméniens ; 7, autres Aryens.
Sémites : 8, Juifs.
Caucasiens : 9, Géorgiens ; 10, autres Caucasiens.
Ouralo-Altaïens : 11, Finnois ; 12, Turco-Tartares ; 13, Mongols et Ouralo-Altaïens.
Autres peuples : 14, Chinois, Japonais, Coréens et Hyperboréens.

Les immenses empiétements de la Russie, dans les territoires de l’Asie centrale, constituent un phénomène double, de grande importance pour l’équilibre moral et politique du monde : l’Asie s’européanise, et l’Europe, par l’intermédiaire de la Russie, tend à régresser vers le type asiatique. Chaque document statistique, arrivé de ces pays lointains, bien enveloppés en un brouillard épaissi par la politique, nous prouve que les deux évolutions se poursuivent sans arrêt. L’aire de la civilisation européenne s’agrandit en Caucasie, en Turkménie, en Dsungarie, en Mongolie, en Chine ; mais rien ne se donne gratuitement en ce monde, et l’asiatisation d’une partie de la Terre correspond à l’européanisation de l’autre partie.

Or, les enseignements de l’histoire nous disent les dangers de

  1. W. M. Ramsay, Geographical Journal, sept. 1902, p. 258.