Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome V, Librairie universelle, 1905.djvu/456

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
450
l’homme et la terre. — latins et germains

naves y ont apporté un caractère nettement déterminé par les conditions toutes particulières de leur milieu : ils ont des traits bien à eux, dans lesquels on retrouve l’influence de cette nature du Nord, aux longs étés, aux interminables hivers, aux jours qui se confondent avec les jours sans autre intervalle qu’un mystérieux crépuscule, aux nuits qui succèdent aux nuits, séparées seulement par une fugitive aurore.

une vallée de norvège.


La terre dans laquelle ils sont nés les domine trop puissamment par ses phénomènes pour qu’ils puissent s’y soustraire comme on le fait dans un milieu aux oscillations plus égales ; ils ne peuvent échapper à l’impression des grandes étendues lacustres et des forêts sans fin, des neiges qui recouvrent le sol pendant plusieurs mois et des glaces qui durcissent l’eau des lacs, des estuaires et de la mer elle-même[1]. Les Scandinaves de l’Extrême Nord sont toujours hantés par le rêve des longues nuits, et

  1. Maurice Gandolphe, Société normande de Géographie, juillet-août 1898, p. 220.