Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome V, Librairie universelle, 1905.djvu/421

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
415
oliganthropie

difficile de savoir dans quel ordre d’importance il faut les ranger, et cet ordre d’ailleurs peut varier suivant les diverses provinces. Le fait caractéristique dans la diminution partielle de la population française est celui-ci, que « la pauvreté entretient la vitalité de la race, tandis que la richesse ou l’aisance constitue un pacte avec la mort »[1]. Les quatre groupes de départements qui se dépeuplent sont les très riches contrées de la basse Normandie, la Gascogne orientale avec le Quercy, une partie du Languedoc, la Provence et la région bourguignonne et champenoise.

Cl. Allard.

une foule méridionale (Narbonne, le 5 mai 1907.)


Les deux départements où le mal est le plus invétéré, l’Eure et le Lot-et-Garonne, dont la liste annuelle des morts dépasse celle des naissances depuis deux tiers de siècle, sont parmi ceux dont les terrains ont la plus grande fécondité. Ce n’est point ici parce que le banquet de la vie n’est pas servi que les candidats au festin sont obligés de partir ou que même ils n’ont pas l’occasion de naître ; les ressources sont abondantes, elles vont jusqu’à la surabondance ; c’est par la conception spéciale de la vie qui est devenue l’idéal des propriétaires que s’explique la réserve des forces qui s’emploient ailleurs à l’accroissement de la natalité. Dans ces districts,

  1. Arsène Dumont, Revue mensuelle de l’Ecole d’Anthropologie de Paris, 15 janvier 1897.