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l’homme et la terre. — répartition des hommes

jets, en mauvais repas, en repos nocturnes écourtés, et du reste l’assainissement des villages soulève les mêmes problèmes que celui des villes[1].

Ce n’est pas tout : l’électricité, que fournit l’eau courante, tend à remplacer le charbon et à disperser les usines le long des cours d’eau. C’est ainsi que l’on a vu la ville de Lyon, pourtant si forte par sa puissance d’attraction au point de vue du travail et des arts, diminuer de plusieurs milliers d’habitants par année, non parce que sa prospérité était entamée, mais au contraire parce que ses riches
un quartier ouvrier à manchester
Type des slums anglais.
tisseurs et autres industriels avaient étendu leur domaine d’activité dans tous les départements voisins, jusque dans les Alpes, partout où des cascades ou rapides leur fournissaient la force motrice nécessaire.

A bien considérer les choses, toute question d’édilité se confond avec la question sociale elle-même. Tous les hommes sans exception arriveront-ils à pouvoir respirer l’air en quantité suffisante, à jouir pleinement de la lumière du soleil, à savourer la beauté des ombrages et le parfum des roses, à nourrir généreusement leur famille sans craindre que le pain vienne à manquer dans la huche ? S’il en est ainsi, mais seulement alors, les villes pourront atteindre leur idéal et se transformer d’une manière exactement conforme aux besoins et aux plaisirs de tous, devenir des corps organiques parfaitement sains et beaux.

C’est à ce programme que prétend répondre la ville-jardin. Et de fait, des industriels intelligents, des architectes novateurs ont réussi à créer en Angleterre, où le taudis urbain était le plus hideux, un certain nombre

  1. Emile Vandervelde, L’exode rural.