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villes militaires

villes fortes ont des contours tout à fait disgracieux, sans aucune harmonie avec les ondulations du sol, coupant le pays suivant des tracés offensants pour le regard. Du moins, les ingénieurs italiens de la Renaissance, puis Vauban et ses émules s’essayaient-ils à dessiner le profil de leurs places fortifiées suivant une symétrie parfaite : quelques-uns de ces ouvrages, ayant l’aspect de croix à étoiles avec rayons et gemmes, contrastent régulièrement par les murs blancs de leurs bastions et redans avec la calme placidité des campagnes ombreuses.

Cl. P. Sellier.

la ville d’aire-sur-la-lys

Aire subit plusieurs sièges aux dix-septième et dix-huitième siècles ; ses fortifications ont perdu toute valeur depuis longtemps.


Mais nos places modernes n’ont plus l’ambition de se faire belles ; cette préoccupation n’existe pas dans l’esprit des constructeurs. D’un regard jeté sur le plan des villes fortes, on voit, en effet, qu’elles sont laides, hideuses, en désaccord complet avec leur milieu. Loin d’épouser les contours du pays, de prolonger librement ses bras dans les campagnes, la place de guerre est comme amputée de ses membres,