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avatars du développement

trop distinct pour qu’il convienne de les étudier comme des types de groupe urbain : leur développement est factice en très grande partie. On peut mieux raisonner sur la vie des cités qui doivent leur histoire presque uniquement au milieu géographique.

Cl. Schneider et Cie.

le creusot et ses usines


Aucun travail n’est plus fructueux pour un homme studieux que la biographie d’une ville dont l’aspect, mieux encore que les annales, permet de constater sur place les changements successifs se déroulant de siècle en siècle, suivant un certain rythme. On voit reparaître par les yeux de l’esprit la cabane du pêcheur et celle de son voisin le jardinier ; deux ou trois fermes parsemaient alors la campagne, un moulin tournait sa roue sous le poids de l’eau plongeante. Plus tard, une tour de guet s’éleva sur la colline. De l’autre côté de la rivière, sur la plage que venait entamer la proue du bac, on construisit une nouvelle hutte ; une auberge, une boutique appelèrent les passants et les voyageurs près de la maisonnette du batelier, puis un marché s’établit sur la terrasse nivelée du voisinage. Une voie, de plus en plus largement frayée par les pas de l’homme et des animaux, descendit de la plaine à la rivière, tandis qu’un sentier serpentin écharpa la