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horreur et splendeur des villes

moderne, il faut compter ceux — et ils sont légion — qui sont amenés vers les centres de population et déposés comme des alluvions qu’entraîne le courant pour les abandonner sur ses plages : les paysans évincés de leur lopin de terre par les convenances de quelque grand acquéreur ou par un caprice du seigneur qui transforme ses champs en pâturages ou en terrains de chasse ; les domestiques de campagne que les citadins appellent autour d’eux ; les nourrices allaitant les enfants à la place des mères ; les ouvriers, soldats, employés et fonctionnaires auxquels on assigne une demeure dans la grand’ville et, d’une manière générale, tous ceux qui, obéissant à des maîtres ou bien au maître le plus impérieux, la nécessité économique, grossissent forcément la population urbaine.

Cl. W. Swift.

un coin de liverpool
Un cabinet d’aisance, un robinet d’eau, un bac à ordures pour une douzaine de maisons.

C’est un plaisant langage que celui des propriétaires moralistes qui conseillent aux campagnards de rester attachés à la terre, alors que, par leurs agissements, ils déracinent le paysan et lui créent des conditions de vie l’obligeant à s’enfuir vers la cité. Qui supprima les communaux, qui réduisit, puis abolit complètement les droits d’usage, qui défricha les forêts et les landes, privant ainsi le paysan du combustible nécessaire ?