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l’homme et la terre. — peuplement de la terre

des poissons et un insecte —, il est vrai que ces voyages ne sont pas comparables en intérêt d’utilité immédiate à ceux qu’on entreprend en terres populeuses et fertiles, mais il suffit que ces terres et ces eaux antarctiques soient inconnues, et qu’elles soient des plus dangereuses à tenter, comme si la mort en défendait l’entrée, pour que l’homme veuille les parcourir, en connaître la forme, l’aspect et toutes les conditions physiques. L’homme veut explorer jusqu’à la dernière roche de son domaine terraqué. Et pourtant, l’illustre navigateur Cook, ayant, comme il
Cl. Hondius van Herwerden.
une pirogue sur la noord-rivier, nouvelle-guinée
arrive souvent aux grands hommes, voulu fixer des limites à la postérité, prétendait que jamais aucun marin ne voyagerait sous des latitudes plus rapprochées du pôle qu’il ne l’avait fait lui-même (1772). Découragés par cette prophétie, bien rares se firent les voyageurs osant se hasarder au delà des premières citadelles flottantes détachées des glaciers du sud. Les explorations polaires antarctiques ne recommencèrent que dans la troisième décade du dix-neuvième siècle, en même temps que se produisait une nouvelle poussée vers le Nord ; puis, après la découverte de la Terre de Victoria, de ses hauts volcans et de la grande falaise de glace que l’on crut infranchissable, les tentatives cessèrent de nouveau. Mais la volonté humaine est incompressible. Les voyages polaires antarctiques ont repris avec le vingtième siècle. Le premier hivernage dans les banquises australes se fit avec Adrien de Gerlache (été de 1898), puis les marins de la Discovery osèrent gravir le volcan Terror et pousser au sud à travers les neiges sur les plateaux du continent de glace (1902-1903).

Et la curiosité des contours extérieurs n’est pas la seule qui anime l’habitant de la Terre, il veut aussi pénétrer sous l’écorce, en savoir la composition, en étudier la vie. L’œuvre de réaction qui a poussé