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guerre hispano-americaine

en infraction à la doctrine traditionnelle, la continuation de l’ancienne politique des esclavagistes.

Cl. Kuhn, édit.

un coin du port de la havane

Puis éclata la guerre hispano-américaine, dans laquelle le gouvernement espagnol s’était laissé entraîner par son obstination folle à continuer l’oppression économique et politique de Cuba : un peu de sagesse, un semblant de justice, quelques sentiments d’équité eussent fait des Cubains, à bon droit méfiants de leurs voisins, les Yankees, d’ardents patriotes castillans. Mais il est rare que les maîtres sachent se modérer : ils vont jusqu’aux extrêmes limites de leur pouvoir et tentent le destin ; leur entêtement, qu’ils appellent l’honneur, le veut ainsi. L’Espagne marcha donc consciemment au-devant de sa ruine, en laissant le beau rôle aux politiciens des États-Unis, qui, naturellement, eurent la prétention d’intervenir au nom de la justice et de l’humanité. Les ultimes agissements de la soldatesque espagnole dans la malheureuse Cuba, où, avec quelques intermittences, la lutte durait depuis à peu près quarante ans, furent véritablement horribles : jamais les procédés de guerre n’avaient