Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome V, Librairie universelle, 1905.djvu/260

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
255
insurrection de carthagène

des États-Unis, dont on avait capturé un navire et fusillé des citoyens.

Cl. J Kuhn, édit.

carthagène et sa baie

De ce côté, la monarchie espagnole n’avait d’autre espérance que celle de gagner du temps, car nul homme de bon sens ne pouvait douter de la « destinée manifeste » à laquelle étaient vouées les colonies antilliennes. Sans doute, la population de Cuba était trop divisée quant à ses intérêts pour qu’il lui fût possible de s’émanciper de la « mère-patrie » aussi longtemps que des nègres esclaves y existaient encore. Les « péninsulaires », c’est-à-dire les Espagnols natifs, marchands ou fonctionnaires, qui venaient exploiter les habitants de l’île, y étaient fort nombreux et s’y appuyaient insolemment sur la garnison. D’autre part, les Cubains de race blanche ou mêlée, qui se trouvaient engagés en des luttes directes d’intérêt avec les Espagnols privilégiés, n’osaient point se révolter tant qu’ils participaient au crime de l’asservissement des noirs et qu’ils avaient à craindre une insurrection servile ; enfin, les noirs eux-mêmes, répartis sur un vaste territoire où toute concentration d’efforts