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l’homme et la terre. — internationales

travail libre et du monopole capitaliste, les persécutions ne devaient point en venir à bout. Cette fois la semence était bien jetée sur un sol favorable ! En France, notamment, on eut la naïveté de croire, après la Commune, que les lois, les décrets, les menaces de procès avaient supprimé l’Internationale, que la
Cl. du Réveil de la Chine.
michel bakounine, 1814-1876
graine en était extirpée du sol ; mais, que le nom reste ou disparaisse, que les étiquettes changent ou se modifient, il n’importe au fait qui demeure certain, inébranlable comme un arrêt du destin. L’Internationale est le produit même de la civilisation contemporaine ! Les travailleurs ont échappé à l’ignorance première : ils savent et sauront de plus en plus que leurs intérêts sont les mêmes en deçà et au delà des frontières, sur toute la surface du globe, que leur petite patrie se rapetissera sans cesse, comparée à la grande patrie qui est l’Humanité.

D’ailleurs, les gouvernants avaient beau combattre l’Internationale en l’un de ses éléments, l’Internationale ouvrière, ils n’en étaient pas moins entraînés par le courant de l’histoire vers des manifestations qui devaient aboutir au même résultat : eux aussi travaillaient à l’abaissement des bornes nationales sur le continent d’Europe : les réseaux de voies ferrées se soudaient les uns aux autres en mailles de