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réunion des états généraux

par la pauvreté et qu’exaspérait l’isolement de leurs collègues, les prélats, furent les premiers à obéir, d’abord isolément, puis en masse. La Cour, qui possédait encore la force brutale, s’imagina qu’elle avait aussi la force morale et que l’Assemblée n’aurait pas le courage de se réunir si des soldats lui barraient la porte. Mais déjà les représentants du peuple, tout royalistes qu’ils fussent, étaient devenus républicains sans le savoir et, chassés d’une salle, ils s’élancèrent dans une autre, la salle fameuse du Jeu de paume, pour y faire serment à l’unanimité, en un élan d’enthousiasme, de « ne se séparer jamais ». En personne, le roi vint pour ordonner aux députés de se disperser et d’attendre son bon vouloir. Et c’est alors que Mirabeau foudroya le maître des cérémonies de la fameuse apostrophe : « Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple et qu’on ne nous en arrachera que par la puissance des baïonnettes » !

D’après une estampe de l’époque.

la prise de la bastille

Déjà Paris venait à la rescousse pour soutenir l’Assemblée, qui, sans lui, eût probablement cédé, après emprisonnement ou massacre préa-