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l’homme et la terre. — nationalités

choisie ; peut-être au point de vue stratégique, celui de la défense et de l’attaque contre tout danger, le lieu le mieux indiqué par la nature eût été la cité de Kiu-Kiang, placée sur une péninsule rocheuse de la rive méridionale du Yang-tse, entre cet énorme courant et la mer intérieure du Po-yang, parcourue de chenaux navigables dans tous les sens : de là le nom de « Ville des neuf fleuves » qu’a pris la grande cité commerçante ouverte de force par les Anglais à la navigation européenne. De ce lieu central, situé à peu près à égale distance entre Nan-king et Han-kou ( Hankeu, Hankow), les voies majeures rayonnent de toutes parts, soit par les cours d’eau, soit par Les brèches des montagnes, d’abord vers tous les points du grand bassin fluvial de la Fleur du Milieu, puis au sud-est vers Fou-tcheou et les autres ports du Fo-kien, au sud-ouest vers Canton, au nord vers Kaï-fong et Peking.

Cabinet des Estampes.Bibl. Nat.

pont des dix mille années à fou-tcheou,

Mais, tandis que les gouvernants chinois s’ankylosaient dans leurs palais, devenus de véritables tombeaux, et qu’ils se laissaient bercer, comme pour la mort, par la cantilène des vieilles formules, les événements suivaient leur cours et de grandes transformations s’opéraient dans la masse de la nation : en modifiant leur équilibre, les conditions économiques du monde devaient entraîner la société chinoise, aussi mobile que toutes les autres sociétés, en de nouvelles conjonctures. C’est à tort que la Fleur du Milieu avait conservé son mépris pour l’étranger, se comparant à ce qu’elle connaissait de l’Europe ; cette région si lointaine, divisée en tant de petits États hostiles. La Chine avait conscience