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second empire français

parti, tout-puissant à l’Assemblée, voulait la faire reculer jusqu’à saint Louis, mais elle n’alla pas si loin : s’arrêtant à l’Empire, elle s’imagina maintenir ce que l’on appelle les « conquêtes de la Révolution », c’est-à-dire une certaine égalité politique, économique et sociale, et ramener en même temps cette période de prestige et de gloire militaires qui, pourtant, avait si misérablement abouti à
Cabinet des Estampes.Bibl. Nat.
proudhon (1809-1865)
l’humiliation et à l’écrasement. Peut-être aussi le peuple, mécontent de tous les régimes qui s’étaient succédé pendant les deux années d’essais républicains, se lançait-il de désespoir dans l’inconnu, et se disait-il qu’une volonté personnelle saurait réaliser les mille promesses, jusqu’alors trompeuses, répétées tant de fois par les écrivains socialistes.

Naturellement, ces attentes chimériques devaient être déçues, car un gouvernement personnel doit toujours avoir pour maîtresse préoccupation la volonté du maître, représenté naturellement par la tourbe des parasites qui se pressent autour de lui. Napoléon III ne pouvait échapper à cette loi.

En un livre fameux, La Révolution sociale démontrée par le Coup d’Etat, Proudhon essaie d’établir que le nouvel empereur, issu de la Révolution et porté au pouvoir par la volonté des pauvres travailleurs de la ville et de la campagne, deviendrait forcément l’exécuteur d’une logique des événements supérieure à ses caprices et aux appétits de