Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome V, Librairie universelle, 1905.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
148
l’homme et la terre. — nationalités

pagne, à Novara (25 mars 1849), il ne lui resta qu’à remettre son abdication entre les mains de son peuple et à laisser le pouvoir et l’ambition de la couronne d’Italie à son fils Victor-Emmanuel, qui, du moins, n’avait pas un passé de trahison derrière lui.

La victoire de l’Autriche aurait été facilement poussée beaucoup plus à fond si les convoitises de la France n’avaient été également excitées.
giuseppe mazzini (1805-1872).
Le conflit traditionnel entre Germains et Gaulois pour la domination de l’Italie recommença sous une nouvelle forme, rendu presque méconnaissable par les semblants diplomatiques. Il eût paru tout naturel que la France, alors constituée officiellement en république, intervint pour défendre l’indépendance des républiques sœurs, mais ce fut tout le contraire : engagée comme l’Autriche dans le mouvement opposé à l’affranchissement des nationalités et des individus, c’est en champion du pape qu’elle envoya ses armées en Italie ; l’une et l’autre puissance faisaient assaut de bons principes.

Dans Rome, où la République avait succédé au règne de Pie IX, en fuite, l’âme de la résistance était le triumvir Giuseppe Mazzini, le révolutionnaire de sa génération qui, de tous, apporta le plus d’énergie, de vouloir tenace dans la conspiration, le plus de sagacité dans le choix des hommes, le plus d’esprit de renoncement personnel dans la vie de tous les jours. Type du devoir, il suscitait des enthousiasmes persévérants, des héroïsmes de sacrifice, et, quand les meilleurs étaient tombés, austère, impassible, il