Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome V, Librairie universelle, 1905.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
l’homme et la terre. — contre-révolution

désunirent, les familles se brouillèrent et jeunes contre vieux se livrèrent de vraies batailles dans les théâtres. D’ailleurs le romantisme triomphant portait en lui, comme tous les progrès, son élément de réaction : il se plaisait à l’amphigouri de la foi mystique, et, remontant vers le moyen âge, célébrait les hommes bardés de fer, les moines à cagoules, les nobles damoiselles au front d’ivoire ; il s’attardait volontiers à décrire les ogives des cathédrales, les corridors des cachots et les dalles des cimetières. Mais cette maladie ne dura qu’un temps et, lorsque la lutte se fut terminée et que chaque auteur en prose ou en vers eut acquis toute liberté d’écrire à sa guise, la langue française et les autres idiomes de l’Europe occidentale également affinés parla lutte, enrichis par des acquisitions nouvelles, se retrouvèrent plus amples, plus souples, plus compréhensifs et mieux adaptés à la discussion des grands problèmes qui se posent devant la société contemporaine.