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l’homme et la terre. — contre-révolution

traces du baleinier Scoresby, l’un des observateurs les plus sagaces qui aient étudié l’Océan Polaire, des marins envoyés par le gouvernement britannique, Sabine, John Ross, Parry, se succédèrent rapidement dans les parages du nord. En 1827, Parry atteignit la latitude de 82° 40′. qui resta pendant de longues années la plus rapprochée du pôle où l’homme fût parvenu ; puis, en 1831, James Ross découvrit, dans le chaos ces îles et presqu’îles de l’archipel polaire, le point précis du pôle magnétique où l’aiguille de la boussole se dirige vers le sol. L’expédition de 1845, dirigée par Sir John Franklin, eut au contraire un résultat fatal puisque navires et hommes disparurent dans les ténèbres du nord ; en 1848, la marine britannique n’envoya pas moins de quatre expéditions de secours ; en 1850, dix navires battaient la mer autour de Beechey-island qui avait été un des lieux d’hivernage de Franklin. On parcourut dans tous les sens le labyrinthe si compliqué de l’archipel polaire, et non seulement on put retrouver les traces de la funeste expédition et reconnaître toutes les péripéties du drame de la fin, mais encore on découvrit ce fameux passage du nord-ouest tant cherché depuis plus de trois siècles. En 1853, des navigateurs, venus par le détroit de Bering, rencontrèrent sur les glaces de l’île Melville d’autres voyageurs, arrivés par le détroit de Baffin. Toutefois, ce chemin, trouvé à si grand’peine, n’a pu être encore utilisé, et depuis un demi-siècle personne ne l’a revu (1905). Quant aux explorations antarctiques, poussées moins à fond que celles du pôle boréal, elles furent arrêtées pour un long temps, lorsque James Ross, dans son expédition de 1841 à 1843, se vit arrêté, à 1 315 kilomètres du pôle austral, par une longue falaise de glace et par le haut continent qui porte les volcans de l’Erebus et du Terror.

L’accroissement de connaissances que les voyageurs obtenaient en étendue, les savants le conquéraient en profondeur. Le géologue explorait, creusait le sol, comparait les roches, leurs analogies, leurs différences et leurs contrastes, en observait les étagements, les plissements et les renversements, reconstruisait les âges de la Terre par les changements de toute nature dont il constatait les traces et la succession. En même temps l’historien étudiait les monuments et les archives, contrôlait les récits et les légendes, reprenait les documents d’autrefois pour les soumettre à une discussion nouvelle plus serrée et plus sûre, ressuscitant ainsi le temps passé pour le faire mieux connaître qu’il ne