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défaite de l’empereur germanique

féodales. Grâce à leurs antiques privilèges urbains, à leur organisation municipale appuyée sur une longue tradition, et souvent aussi grâce à de fortes murailles et à leur vaillance, les citoyens des villes du Midi avaient maintenu et développé une civilisation très supérieure à celle de la France septentrionale ;
Cabinet des Estampes.
tournus. facade de l’église saint-philibert
ils avaient également profité du commerce des Arabes pour renouveler leurs arts, accroître leurs connaissances et de venir en Europe des initiateurs pour les sciences et pour les travaux de la pensée. Leur belle langue, qui devait bientôt déchoir pour des siècles à la condition de patois, était l’une des plus élégantes et des mieux formées entre les idiomes romans, et, même en dehors des contrées toulousaines et provençales, prenait une sorte de préséance ; on pouvait s’attendre à ce qu’elle succédât au latin comme langage des lettrés. Les « hérésies », ou ce que les catholiques appelaient ainsi, ayant ouvert les intelligences, on osait discuter, dans les château, et même sur les places publiques, les dogmes et les croyances, et l’on avait pu assister à de véritables conciles de la pensée libre ou s’affranchissant à demi.

Ce qui devait nuire aux villes du Midi dans leurs tentatives d’émancipation complète, c’est qu’elle, regardaient vers le passé, comme la Rome