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philosophes et souverains

leurs réformes à l’insuccès, ils n’en avaient pas moins fait preuve de bonne volonté apparente et, plus tard, n’auraient plus qu’à rejeter sur d’autres la non-réussite de leurs projets. S’ils ne devenaient pas les « pères du peuple », du moins en parlaient-ils savamment le langage.

Cl. J. Kuhn, édit.

potsdam. palais de frédéric II

D’ailleurs, les prétentions n’empêchaient point les souverains de se livrer au « noble jeu de guerre » avec toutes ses conséquences atroces, d’appliquer les anciennes lois répressives et d’en proclamer de nouvelles à leur caprice, de garder tout leur cortège d’exacteurs, de gendarmes, de geôliers, de bourreaux, conformément aux usages antiques du droit divin. Le landgrave de Hesse-Cassel, qui s’était érigé en précepteur de justice et de mansuétude dans son écrit intitulé Pensées diverses sur les Princes, était ce même Frédéric de Hesse qui, en 1776, vendit 12 000 hommes à l’Angleterre pour combattre les colons révoltés de l’Amérique, et qui, en 1781, vers la fin de la guerre, n’avait pas moins de 22 000 hommes en location[1], beaucoup plus que n’en pouvait fournir sa princi-

  1. Ernest Nys, Notes sur la Neutralité, pp. 91, 92.