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le christianisme en chine

trigues qu’agitait le conflit des intérêts entre les partis, et, bientôt, ils se rendirent indispensables. On sait combien grandes étaient alors les ambitions de l’ordre : il visait à l’empire de l’univers ; ses envoyés, sachant se faire « tout à tous », allaient N° 411. La rivière de Canton et Macao.
Reproduction du Levé des Jésuites.

vivre en simples au milieu des sauvages, en savants diplomates parmi les civilisés. Partout il leur fallait réussir, chez les Guarani du Paraguay comme chez les Chinois et les Mandchous de l’Orient d’Asie. Mais, pour préparer à ces derniers un « chemin de velours » vers le christianisme occidental, les missionnaires eurent à pousser la tolérance jusqu’à se faire Chinois eux-mêmes en adaptant leur foi aux mœurs de la nation, en insistant beaucoup plus sur le seul vrai Dieu que sur les trois personnes divines, en ne voyant dans le culte des ancêtres qu’un acte louable de pitié filiale, en fermant les yeux sur les cas de polygamie justifiés par le désir de perpétuer une descendance mâle[1]. Grâce à toutes ces complaisances, dans lesquelles le dogme chrétien finissait par disparaître, la religion catholique put aspirer à prendre rang dans l’empire à côté des autres religions

  1. A. de Pouvourville, L’Empire du Milieu, p. 150.