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moskva matouchka

représentants de la domination russe, avaient pénétré d’une manière définitive dans les vastes forêts sibériennes sans trouver d’ennemi qui leur barrât le passage. Chasseurs de martres zibelines, ils avaient voyagé de fleuve en fleuve par les portages, accompagnés des
Cl. Aïtoff.
le iénisseï, à proximité de krasnoïarsk
indigènes, et, sans trop se rendre compte de l’immensité du monde parcouru, ils avaient fini par atteindre les confins de l’empire chinois.

Ainsi le contact entre les deux grandes puissances domaniales de l’Europe et de l’Asie s’était produit matériellement, et la puissance du tsar était déjà représentée par des compagnies de soldats sur les bords de l’océan Pacifique, lorsqu’il mettait une si âpre énergie à s’ouvrir une issue vers les mers occidentales. Mais, de la mer Baltique au lac Baïkal et à la mer d’Okhotsk, les espaces étaient trop vastes, trop entièrement dépourvus de ressources pour qu’il fût possible au gouvernement d’utiliser les golfes sibériens de l’Océan, gelés pendant plus d’une moitié de l’année, soit à protéger un commerce quelconque, soit même à déployer orgueilleusement le drapeau de l’aigle à deux têtes sur les mers voisines. Les solitudes de la Sibérie, qu’une seule piste, boue, poussière ou neige, frayée à travers les