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commerce avec la sibérie

de Novgorod ; il est vrai qu’au delà de l’Ob’, toute l’Asie se trouvait condensée en une étroite zone, puisque Cumbalik, c’est-à-dire Peking, et le royaume de Kitaï, nom russe de la Chine, occupent la rive droite du fleuve sur la carte de Herberstein. Mais la vérité sur la position relative des diverses contrées eût été bientôt connue si le gouvernement, qui s’ingère toujours à supprimer le commerce sous couleur de le mieux protéger, n’avait pas fait tous ses efforts pour interrompre les relations. Dès 1580, un an après l’expédition de Yermak, les navigateurs anglais Pet et Jackman ayant pénétré dans la mer de Kara, suivirent l’exemple des bateaux russes qu’ils rencontrèrent dans ces eaux et communiquèrent avec le bassin de l’Ob’ par l’isthme d’Obdorsk. Cette expédition n’aurait pas été, du reste, sans influence sur la fondation de Mangaseia, qui s’éleva en 1601, à plus de 200 kilomètres en amont de la bouche du Tazr et qui attira non seulement des marchands russes mais aussi des importateurs étrangers[1]. Ainsi l’Angleterre aurait été déjà en relations directes, avec la Sibérie, lorsque le gouvernement, inquiet de ces rapports avec l’extérieur, supprima complètement la liberté des échanges. C’était en l’année 1620, et plus de deux siècles et demi devaient s’écouler avant que Nordenskjökl renouât la « chaîne des temps » par sa grande expédition de 1875.

Cl. Sellier.

fusil d’alexis mikaïlovitch, vues et détails

L’œuvre d’Ivan IV fut doublement contradictoire. S’il cherchait à

  1. A. Kintoch, History of the Kara sea trade route to Siberia.