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misère du grand règne

veillance méthodique, savante qu’avaient organisée les « réformes » de Colbert ne permettait plus à qui que ce fut d’échapper à la rapacité du fisc. Certain d’avoir à rencontrer sur toutes les routes, à toutes les portes de villes, d’impitoyables percepteurs d’impôts, le commerce local avait cessé, et la famine pouvait sévir dans une province alors
Cabinet des Estampes.
rené descartes, 1596-1650
que dans la province voisine les récoltes avaient été surabondantes. La résidence presque forcée de tous les nobles à la cour, l’irrésistible attraction de Versailles avaient amené la ruine des châteaux éloignés de la résidence. Les seigneurs cessaient de visiter leurs terres ou même ne les avaient jamais vues, mais ils continuaient d’en réclamer les revenus habituels, sans faire restituer au sol la moindre parcelle de ses éléments de richesse ; il en résulta qu’une grande partie des terres du royaume retomba en jachère et ne valait plus les hypothèques dont le propriétaire appauvri les avait grevées.

Plusieurs « gâtines » se créèrent ainsi, non par la faute de la nature mais par celle de l’homme. Si la terre était « gâtée », il ne fallait point en accuser le climat ni le sol, mais les guerres, les impôts, les mœurs des courtisans royaux et leur imprévoyance. Parmi ces terres redevenues inutiles à l’homme, on peut citer la Sologne, qui avait été dévastée pendant les guerres de religion, et que ses possesseurs nobles finirent par abandonner complètement aux landes et aux marais.

Aussi la fin du régime fut-elle accueillie avec joie, quoiqu’elle ne dût