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liberté sous la fronde

emplissaient les greniers et que la population augmentait dans toutes les provinces, que ses années étaient les plus solides et les mieux commandées de l’Europe et que ses finances, en fort bon état, lui permettaient d’intervenir avec autorité dans la politique de tous ses voisins. Il occupait le premier rang parmi tous les souverains de
Cabinet des Estampes.
labruyère, 1645-1696.
l’Europe avant d’avoir régné, et lui-même avait pleine conscience de la hauteur de son destin. Noble et digne dans son maintien, il était aussi plein de grâce ; il ne lui suffisait pas d’être majestueux, il avait, en outre, le souci de plaire et réussissait à merveille parce qu’il s’entendait également à faire valoir les autres. Il possédait le vrai sens du faste, car il était non seulement magnifique dans sa personne, il savait l’être aussi dans l’ensemble de sa cour, dans l’ordonnance de tout ce qui l’entourait, dans les institutions qui se fondèrent sous son nom, dans le fonctionnement et l’harmonie de ses ministères, dans tout l’organisme de l’Etat.

Partout il sut ménager ces belles perspectives architecturales qu’il réalisa matériellement et symboliquement, à la fin, dans son immense palais de Versailles, dans ce monde sans fin de pierre et de marbre, dont les galeries et les terrasses, les somptueux escaliers, les allées aux fontaines jaillissantes et le peuple de statues se prêtent si bien à la magie des couleurs, à l’élégance des groupes et à la pompe des cortèges. La cohue des courtisans se transformait autour de lui en une belle figuration théâtrale, et tout ce qui ne pouvait entrer dans ce décor incomparable, le peuple aux bras nus et au grossier lan-