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occupation du brésil

leurs plantations. Après de terribles massacres, les prêtres jésuites, suivis de leurs troupeaux humains, durent s’enfuir au loin par delà le Paraná, dans les solitudes du Paraguay, et réussirent pour un temps à maintenir leurs communautés de fidèles obéissants et laborieux.

Naturellement les prodigieuses conquêtes des Espagnols et des Portugais avaient excité la rivalité des autres nations maritimes de l’Europe occidentale. Elles eussent voulu prendre également leur part de la Terre, et même, à défaut de plages encore inoccupées, se
poterie péruvienne
substituer à leurs heureux devanciers dans les contrées du Nouveau Monde déjà soumises. C’est ce que les Français avaient tenté de faire au Brésil, quoique à cette époque leurs forces fussent bien faibles pour se répandre à l’extérieur. Toutefois les pêcheurs basques, rochelais, bretons se dirigeaient vers les « Terres Neufves » depuis un temps immémorial, probablement précolombien : n’ayant point d’intérêt à faire connaître les chemins de la mer et les « chafauds » du littoral qui servaient à leur industrie, ils restaient ignorés, si utile que fût leur trafic : la gloire de la découverte appartint à des voyageurs qui ne suivaient point les traditions de la pêche. Les documents recueillis par Fernando Duro et par les historiens du Canada nous apprennent qu’au commencement du seizième siècle, cent ans avant la colonisation officielle, des campements de pêcheurs bretons se succédaient au nord du golfe de Saint-Laurent, près de l’entrée méridionale du détroit de Belle-Isle[1] : sur la baie

  1. Fernando Duro, Arca de Noe; — Benjamin Suite, Histoire des Canadiens français.