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l’homme et la terre. — colonies

moins l’égale de celle des Maya et des Nahua du Mexique et de l’Amérique Centrale. Les trouvailles faites par les archéologues eu quantités considérables prouvent même qu’à une époque historique très ancienne, leur domaine de civilisation était beaucoup plus étendu
Cl. Sellier.
détail de la porte monolithe de tiaguanaco
et comprenait des régions actuellement désertes ou presque complètement dépeuplées à cause du manque d’eau. L’étude de toute la partie de la République Argentine, située au nord-ouest entre les Andes et le massif de l’Aconquija, montre qu’il y avait autrefois de grands lacs dans ces vallées inférieures et qu’elles étaient bordées de villes et de villages, tandis qu’aujourd’hui cette même contrée n’offre que des plaines salines et des roches stériles, parsemées de ruines imposantes, telles que la grande forteresse de Pucara[1]. De même sur les côtes du Pacifique, la zone de verdure et de peuplement était beaucoup plus ample aux époques lointaines, des siècles avant l’invasion castillane, et l’on peut en tirer la conclusion probable que la détérioration du climat, ayant pour conséquence fatale la réduction de l’aire de civilisation, a également réduit la valeur de la culture elle-même. Quoi qu’il en soit, qu’ils fussent ou non déchus, les peuples du plateau péruvien savaient, eux aussi, élever de beaux monuments, et l’on en voit encore d’admirables exemples, notamment à Cuzco et sur la haute colline de Sacsahuaman, derrière laquelle ce qui restait de la famille des Inca se défendit si vaillamment contre Her-

  1. Francisco P. Moreno, Geographical Journal, 1901. II. p. 581.