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ordre des jésuites

tion et d’alimenter leurs prisons et leurs bûchers de tous les hommes soupçonnés ou convaincus d’hérésie. Mais dans les pays disputés énergiquement par le protestantisme ou, chose plus grave, par les revendications sociales, il fallait agir avec de savants détours. Avant autre chose, il importait aux jésuites de conquérir le pouvoir, non pas directement et de haute lutte, comme l’ambitionnent aujourd’hui les socialistes d’État, mais indirectement, par un concours d’influences et de volontés convergeant toutes vers le même but et finissant par asservir les souverains les plus fiers de leur puissance à la mystérieuse domination du Gesù. Et pour finir par imposer sa volonté dans ce monde de luxe, de caprices, de mensonges et d’intrigues qui est celui des cours, il ne fallait pas craindre d’employer sans hésitation ni remords des moyens analogues à ceux que l’on avait à combattre, et surtout il fallait disposer d’une armée secrète dont les membres, dévoués jusqu’à la mort, fussent toujours conjurés sous la volonté du maître.

Cl. J. Kuhn, édit.

église de loyola dans le pays basque

La société de Jésus était dans son ensemble une école merveilleusement organisée pour dresser tous les membres à la part de collaboration qu’on leur demandait. Les candidats n’étaient point admis aussitôt : ils devaient tout d’abord passer par une période d’épreuve et de continuels examens moraux avant qu’ils fussent admis au noviciat et, seulement deux années plus tard, entraient dans la société, mais encore sans en connaître le fonctionnement ; ils devenaient coadjuteurs, les