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l’homme et la terre. — réforme et compagnie de jésus

moins de mal aux populations que l’austère et maussade conception de la vie calviniste, toujours viciée par le remords du péché originel auquel venaient s’ajouter les mille péchés de chaque jour. « Zwingle et Calvin ont ouvert les couvents, dit Voltaire, pour transformer en un couvent la société humaine ».

La carte religieuse de la Suisse et de l’Allemagne occidentale, telle que la tracèrent les événements du seizième siècle, montre bien
Cl. J. Kuhn, édit.
calvin
que l’initiative des habitants fut sans grande énergie dans le choix des deux croyances en présence. La volonté spontanée du peuple ne fut guère appréciable, ici dans le maintien de la religion catholique traditionnelle, là, dans l’introduction de la foi nouvelle. On peut constater facilement que les principautés et cantons d’Allemagne et de Suisse sont pres-qu’aussi nettement délimités pour la confession religieuse que pour l’allégeance politique. D’une part, la conservation, de l’autre le changement de culte s’était fait par ordre, non de par le vouloir des habitants fidèles à l’ancienne foi ou convertis à la nouvelle. Suivant les intérêts de telle famille régnante, de tels groupes d’aristocrates dirigeants, de telle classe bourgeoise ayant le pouvoir en main, on avait gardé les prêtres catholiques ou fait venir des pasteurs protestants.

On peut citer en exemple de ces religions imposées celui que présentent les deux cantons du Valais et de Vaud, déjà contrastés par