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indifférence religieuse

fêtes de réconciliation religieuse, célébrées en 1439 dans la ville qui est le foyer même de l’humanisme, n’eurent en réalité rien de religieux : elles furent essentiellement païennes, le joyeux salut
Pinacothèque de Münich.Cl. J. Kuhn, édit.
dürer peint par lui-même (1500).
d’amour adressé aux grands génies de l’antiquité grecque revenus parmi les hommes !

Le relâchement de la piété catholique permettait à la société pensante de revenir à la nature et d’interrompre pour un temps les pratiques d’ascétisme ; elles eurent pourtant leur courte période de retour victorieux lorsqu’à la fin du quinzième siècle Jérôme Savonarole, entouré de ses « pleureurs » ou piagnoni, dicta des lois à la seigneurie même de Florence, et, revenant à la tradition de saint Paul, fit brûler des tableaux, des instruments de musique et des œuvres de littérature profane, entr’autres les Contes de Boccace. Mais cette crise de foi aiguë et de pénitence dura quatre années à peine et, à son tour, Savonarole fut brûlé par ordre du pape Alexandre VI, pour crime de trop grande ardeur dans son élan vers Dieu.

Il est certain que le mouvement de la Renaissance, pris dans son ensemble, détermina l’émancipation de la société civile en la rattachant à la culture antique par-dessus et par delà les âges chrétiens. C’est ainsi que la femme, moitié de l’humanité, reconquit alors pratiquement une faible part de la vie sociale que lui avait refusée l’Eglise : elle put sortir