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l’homme et la terre. — les communes

du mythe de Guillaume Tell, réminiscence de divinités solaires, que le patriotisme helvétique jaloux a dû pourtant finir par sacrifier, d’ailleurs d’assez mauvaise grâce.

Les Basques ou Euscaldunac, qui vivent à l’extrémité occidentale
Cl. J. Kuhn, édit.
porte principale de fontarabie
des Pyrénées proprement dites, et sur les deux versants, en Espagne et en France, sont aussi parmi les peuples de l’Europe qui durent leur longue indépendance politique et leur âpre amour de la liberté à la forme et au relief de la nature ambiante. On se demande tout d’abord pourquoi les républiques de ces montagnes ne se sont pas maintenues dans les vallées de la grande chaîne centrale. Là aussi les « universités » ou communes ont gardé pendant des siècles leur autonomie administrative, et telle ou telle coutume en désaccord avec les lois ou ordonnances des deux grands États limitrophes est encore de nos jours fidèlement, observée ; mais si, dans les grandes Pyrénées, nul groupe de communautés libres n’a pu se fédérer en une nationalité supérieure, à moins qu’on ne considère les vallées andorranes comme méritant d’être prises sérieusement pour une personnalité politique, c’est que les vallées sont adossées à une crête supérieure trop haute, trop difficile à franchir, et qu’elles sont séparées les unes des autres par des murs trop élevés :