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conquête portugaise de l’inde

jonque, ni prau, ni barque chinoise, malaise ou arabe ne pouvaient naviguer dans les mers orientales sans passeport signé d’un contrôleur portugais.

Les vagues successives de la conquête se suivaient rapidement dans ces mers orientales. Les Musulmans venaient à peine d’asseoir leur domination complète dans l’île de Java (1478) par le
fernâo magalhâes, (1470-1521)
D'après une gravure de Ferd. Selma.
renversement du royaume de Madjapahit, lorsque les chrétiens de l’Europe firent leur apparition dans les parages voisins. Plus à l’Est, dans l’archipel des Moluques, les Arabes précédèrent de si peu les Portugais que les indigènes purent maintes fois faire confusion entre les sectateurs de Mahomet et ceux du Christ. Puis, lorsque les populations de l’Insulinde étaient encore sous le coup de l’émotion, de la terreur même, causées par cette double invasion d’Occidentaux, à la fois marchands et guerriers, voici qu’ils assistent à l’arrivée d’autres hommes inconnus, cette fois venus par les mers de l’Orient. Ces étrangers étaient les Espagnols.

Cette expédition avait été conduite par un homme tel qu’il y en eut peu dans l’histoire, un génie d’intelligence claire et de terrible volonté. Magellan (Magalhâes) appartenait aussi à cet énergique petit peuple portugais qu’un siècle d’initiative nautique et d’accoutumance aux périls de mer avait si bien disciplinés au courage et à la persévérance. Il avait pris part aux expéditions de l’Inde et se trouvait au nombre des assaillants qui prirent la ville de Malacca. Plus tard, il avait guerroyé dans le Maroc ; mais, croyant avoir à se plaindre de ses chefs et de son roi, il quitta secrètement le Portugal pour devenir Espagnol et proposer ses services à un souverain plus équitable. Quoique petit, boiteux, de