Page:Reclus - L'Homme et la Terre, tome IV, Librairie universelle, 1905.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
205
campagnes de tamerlan

bien sur la terre que dans l’air, et rien n’échappe à son œil exercé de la lutte pour l’existence qui se débat dans le champ de sa vue, des rapaces du ciel et du gibier de la steppe rase ou de la brousse. Il apprend facilement à connaître les mœurs et les habitudes de tous ces êtres qui pullulent autour de lui, car nulle part ne se rencontre une plus grande quantité d’oiseaux de proie, vautours,
Document communiqué par Mme Massieu.
mosquée élevée sur la tombe de tamerlan
aigles, milans, faucons, éperviers, buses, hiboux ; et ces espèces si nombreuses ne peuvent vivre que grâce à la multitude des oiseaux de bas vol et des animaux qui gitent sous les pierres, dans les terriers et sur les arbustes. Édouard Blanc[1] énumère plus de cinquante genres de rapaces vivant dans les steppes de la Mongolie occidentale et du Turkestan, et presque tous sont utilisés pour la capture du gibier. On a domestiqué surtout les femelles qui sont plus fortes, plus grandes que les mâles et dont le dressage est également plus facile. Les Turkmènes, auxquels les Mongols ont enseigné leur art, emploient même les rapaces de la plus forte taille, tels que les aigles qu’ils lancent sur les renards, les gazelles et jusque sur les cerfs : l’aigle fond sur sa victime, lui crève les yeux et se cramponne à sa tête, en attendant l’arrivée du chasseur. On a dressé aussi le hibou dans le Turkestan et la Sibérie méridionale, mais il ne chasse que la nuit et, pour le

  1. Revue scientifique, 15 juin 1895.