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transformation graduelle des mongols

goths se firent Provençaux, Languedociens, Espagnols, les Suèves et les Alains cessèrent bientôt de se distinguer des Ibères d’Espagne et, dans la Mauritanie, se cherchent vainement les traces de l’invasion des Vandales. Dans chaque pays du midi, derrière chaque rempart de montagnes formant comme une sorte de clapet ou de fermeture, le
Cabinet des Estampes.
cavalerie russe au xiie siècle
peuple envahisseur se désagrégeait rapidement, comme une mouche tombée dans la corolle d’une fleur carnivore.

Même phénomène pour les Mongols : eux aussi dans toutes leurs expéditions conquérantes obliquèrent dans la direction du midi, vers les doux climats, vers les campagnes fertiles et les villes opulentes. Les Seigneurs des seigneurs, abandonnant leurs yourtes somptueuses, laissèrent bien loin derrière eux la Grande muraille et s’établirent dans les plaines fécondes du Pei-ho et du Hoang-ho, pour fonder la dynastie des Yuen et habiter les palais bâtis par les industrieux Chinois. Par cela seul, ils cessaient presque complètement d’être des Mongols et devenaient eux-mêmes Chinois. Le protecteur de Marco Polo, Kublaï-khan, qui avait pris sa résidence dans Khanbalik, la « Ville du kan », la cité qui, de nos jours, se nomme Péking ou « Cour du nord », était encore un Mongol par l’énergie de sa volonté et l’orgueil de sa race, mais il était Chinois par la culture intellectuelle. De nation distincte qu’ils étaient, les Mongols de la Chine devinrent une caste privilégiée, détenant les titres,