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paysage chinois

angles du toit, la raison première de cette forme architecturale fut oubliée. N’importe ! on en créa une nouvelle : les ondulations mystérieuses du feng-chui, c’est-à-dire « les vents et les eaux aériennes », se glissent mollement le long des courbes de la maison.

Document communiqué par Mme Massieu.

le culte des ancêtres

Ainsi le paysage chinois offre un caractère artificiel, reproduit naïvement par les peintures, les porcelaines et les émaux. Cependant, les Chinois, très prosaïques en apparence et très poétiques au fond de leur âme, chérissent profondément cette nature mignarde, qu’ils cherchent encore à embellir par des allées sinueuses, des ponts prétendûment rustiques, des massifs de fleurs rares et des arbres minuscules. Leurs poésies célèbrent surtout l’agriculture, les ruisseaux, la pluie, les vents, les nuages, toutes les forces qui concourent à la germination et à la croissance du grain nourricier, mais ces chants sont presque toujours nuancés de mélancolie, accompagnés de plaintes discrètes. Grâce au travail, à ce travail qui conserve l’âme saine et la sauve du pessimisme,