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l’homme et la terre. — orient chinois

perie peut avoir tort, mais le résumé de ses investigations n’en est pas moins hors de doute. On ne saurait contredire le fait même de l’immigration de colons nombreux, venus des bords de l’Euphrate à ceux du Hoang-ho et portant avec eux une civilisation qui se greffa victorieusement sur la mentalité nationale.

Les apports les plus évidents, ceux dans lesquels on ne saurait voir le simple effet d’une coïncidence d’évolution, sont les connaissances mathématiques et astronomiques. Les anciens Chinois apprirent des Chaldéens à préciser la longueur de l’année solaire et à la diviser également en douze mois et en quatre saisons, coupures de l’année auxquelles ils donnaient des noms d’un symbolisme analogue à celui de leurs instructeurs. Ils partageaient les mois en subdivisions de sept et de cinq jours, et, dans la journée, leurs heures faisaient deux fois le tour du cadran. Le « nombre d’or », c’est-à-dire la série de dix-neuf années après laquelle le soleil et la lune se retrouvent en coïncidence de marche, leur était bien connu, et ce sont encore les Chaldéens qui leur avaient appris à reconnaître cette période, dont l’invention avait été naguère attribuée aux Grecs. Les Chinois observaient aussi les étoiles à leur passage méridien au moyen d’instruments analogues à ceux des astronomes de la Chaldée et professaient les mêmes théories au sujet des planètes, qu’ils symbolisaient par les mêmes couleurs. Ils se servaient du gnomon et de la clepsydre et calculaient le retour des éclipses ; leurs annales mentionnent même une occultation du soleil, s’étant produite il y a 4 050 ans. Ils désignaient enfin les Pléiades, l’étoile Polaire et la plupart des signes du Zodiaque par des expressions synonymes de celles des Babyloniens.

Ce n’est point Terrien de la Couperie qui, le premier, suggéra l’origine occidentale des Cent familles : dès 1769, De Guignes écrivit un mémoire pour prouver que les Chinois sont une colonie égyptienne ; ce n’est pas lui non plus qui révéla le parallélisme des connaissances astronomiques dans les deux Potamies et la similitude des désignations stellaires : ces analogies ont été étudiées en détail par Schlegel il y a plus de trente ans[1]. D’après lui, les Chinois auraient été les premiers initiateurs en ces matières, et la découverte du Zodiaque à 28 animaux remonterait à 17 700 ans avant nous ; c’est à cette date éloignée que

  1. G. Schlegel, Uranographie chinoise, 1875.