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finnois et avares

de la Péninsule, dans le « Pays des Marais », le Fenn-land, dont ils portent encore le nom. Une de leurs tribus, celle des Qväner, établie sur la rive orientale du golfe de Botnie, dut à son appellation, qui a le sens de « Femmes » en suédois, de passer pour une nation d’Amazones, et, comme telle, sa renommée fut portée jusqu’au bout
tambour
sur lequel les lapons interrogent le sort
de l’Ancien Monde par les navigateurs arabes. Quant aux Finnois, le fait même de leur différence de figure, de langue et de mœurs d’avec les Slaves, les Scandinaves, les Germains suffisait pour qu’on vît en eux de redoutables sorciers.

Au centre de l’Europe, les Ougriens et les Turcs, suivant la trace des Goths, poussèrent plus avant que les Finlandais dans la direction de l’ouest : ils finirent par occuper presque en entier l’amphithéâtre immense des Carpates qu’emplissait confluent du Danube autrefois la mer intérieure formée par le confluent du Danube et de la Tisza. Des nations asiatiques s’y étaient successivement cantonnées, grâce à la plaine unie de l’Alföld, qui leur rappelait les « mers d’herbes » de la Mongolie et qu’entourent des monts boisés et neigeux comme le Sayan et l’Altaï. Les Huns en firent le centre de leurs expéditions de ravageurs ; les Avares y possédèrent aussi, entre Danube et Tisza, la citadelle circulaire au septuple rempart dans laquelle ils avaient accumulé tout le butin amassé pendant trois siècles de pillage à travers le monde grec et romain. Après le refoulement complet des Avares qui perdent même leur nom pour se fondre avec Slaves ou Bulgares, d’autres peuples, venus primitivement